39e édition du Festival Cinéma d’Alès – Itinérances

Carte blanche Julie Gayet

Julie Gayet est une comédienne au spectre large dont témoigne une filmographie qui ignore les frontières entre cinéma d’auteur et comédies populaires.

En une vingtaine d’années, elle est devenue un visage familier du cinéma français, de son interprétation fiévreuse et abrasive dans Select Hôtel de Laurent Bouhnik, qui lui valut le Prix Romy  Schneider en 1997, a Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier en passant par 8 fois debout de Xabi Molia qui a marque une étape importante dans son parcours.

C’est en effet avec ce second long métrage d’un jeune cinéaste que Julie Gayet débute une activité de productrice qu’elle n’interrompra jamais, partant d’un constat simple : « J’ai toujours été curieuse, je ne pouvais pas attendre entre deux films qu’on vienne me chercher ». Loin de s’engager sur des films qui la serviraient comme comédienne, suivant un modèle bien connu aux États- Unis, la société Rouge International qu’elle cofonde va avant tout initier ou coproduire des titres exigeants qui l’intéressent dans le monde entier. Elle accompagnera ainsi une vingtaine de projets singuliers, fictions comme documentaires, signes de talents internationaux aussi passionnants que Raed Antoni (Fix Me), Raja Amari (Les Secrets), Corneliu Porumboiu (Le Trésor), Julie Ducournau (Grave), Stephanie Gillard (The Ride), Ziad Doueiri (L’Insulte), Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic (L’Angle mort) ou encore Alejandro Fadel (Meurs monstre meurs).

C’est tout naturellement que cette activité de production s’est prolongée quelques années avec Rouge Distribution. Si elle a été depuis peu mise en sommeil, cette activité de distributrice témoignait de la curiosité comme moteur essentiel de Julie Gayet car, loin de se concentrer sur des films coproduits par Rouge International, la société s’est largement ouverte a des coups de cœur qu’elle souhaitait partager en les portant dans les salles françaises. Cela a par exemple été le cas avec Menocchio d’Alberto Fasulo ou L’Orphelinat de Shahrbanoo Sadat.

Il est une autre corde a l’arc bien fourni de Julie Gayet, celle de cinéaste puisque avec Mathieu Busson elle a coréalisé une passionnante série de trois documentaires interrogeant la place des femmes dans le cinéma. C’est en 2013 – une année qui semble a la fois proche et lointaine, bien avant la libération de la parole pour les femmes ou la création du collectif 50/50 dans lequel Julie Gayet est très impliquée – que le duo signait Cinéast(e)s. Un premier opus placé sous la figure tutélaire d’Agnès Varda, qui fit débuter dans Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma la jeune comédienne Julie Gayet (avant que celle-ci ne coproduise vingt ans plus tard Visages Villages, bouclant une boucle qui s’apparente désormais a un héritage). Suivirent CinéastXs, pendant masculin ou la parole de réalisateurs français permet de mesurer combien, pendant longtemps, le faible taux de réalisatrices a été une « non question », puis enfin FilmmakErs. Dédié a l’international, ce troisième volet, d’une actualité brûlante, est un passionnant tour du monde nourri de témoignages de femmes cinéastes dont l’énergie, la détermination, la rage et parfois l’humour sont autant d’armes porteuses d’espoir.

TEXTE D’ANTOINE LECLERC

Films présentés

Zaï Zaï Zaï Zaï de François Dessagnat (France, 2020)
FilmmakErs de Julie Gayet et Mathieu Busson (France, 2019)
Visages Villages d’Agnès Varda et JR (France/2016)

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